Mots du vin : les jambes ou la cuisse ?
Les jambes du vin sont les sillons transparents plus ou moins nombreux s’écoulant le long des parois du verre de vin après l’avoir délicatement remué. L’expression « Avoir de la jambe » semble attestée depuis 1959, bien après la création de l’ordre de la jarretière.
Leur voluptueuse caresse trahit bien souvent la présence d’alcool dans le vin et leur abondance est bien souvent signe d’une concentration élevée d’éthanol et de ses dérivés. Preuve si l’en est que de jolies jambes peuvent aller de paire avec un bel esprit. A la vue de fines et longues jambes, un jeune coq plein de fougue, souhaitant épater la galerie, pourrait alors se laisser aller à la fantaisie et filer la métaphore. Il serait alors tenté, le malheureux, de vanter la cuisse du précieux nectar. Il s’attirerait alors quelques moqueries grivoises des hommes plus mûrs. Car en effet la cuisse, partie plus charnue de la bête, est utilisée pour qualifier un vin bien en chair, consistant et puissant. Les plus cabotins de nos aïeux allaient mêmes jusqu’à soulever robes et jupons et s’enhardissaient à parler de vins à l’ample corsage.
Car, si la jambe se fait admirer, la cuisse, elle, se goûte à pleines lampées. Enfin, se goûtait, car le dégustateur moderne a fini par abandonner ce vocabulaire charnel pour lui préférer des termes plus précis et policés (les larmes du vin), adaptés aux diners mondains et aux colloques internationaux.