Le vigneron nature est-il poilu ? la réponse, dans Tronches de vin 2
Une légende tenace dépeint les vignerons naturels comme des êtres farouches et sauvages, à peine vêtus de gilets en peau de chèvre retroussée, arborant des faces hirsutes au poil embroussaillé. Ils vivraient d’ailleurs au rythme des saisons, de jours fruits en jours racines, se nourrissant de glands et de de corne de bouse séchée… Quelle part de vérité ? Mais qui sont-ils vraiment ? D’ailleurs, David Vincent les a-t-il réellement vus ?
Téméraires, quelques hardis explorateurs de la dive bouteille, membres de la nébuleuse confrérie des picoleurs de glouglou, mènent inlassablement l’enquête. Au péril de leur santé physique et mentale, ils bravent leurs peurs et partent à la rencontre des vignerons artisans de France et d’ailleurs. Entre deux aventures, ils relatent leurs observations ethnologiques, minutieusement, pour faire connaître à tous la vérité sur les us et coutumes de cette tribu mystérieuse dans un ouvrage coloré : Tronches de vin 2 (car oui, il y en a eu un premier, il y a deux ans).
Grâce aux portraits, pris sur le vif par nos 6 explorateurs, nous pouvons enfin lever le voile sur la légende. Non ! Le poil n’est pas un attribut culturel du vignerons authentique. Certains l’arborent en baquantes, colliers, barbes touffues ou juste naissantes certes, mais nombreux sont-ceux qui, par goût ou par nature, offrent au regard un peu voyeur du lecteur, un visage glabre de toute pilosité.
C’est le cas des vigneronnes par exemple. Un peu plus d’une trentaine d’entre-elles sont présentes dans ce guide, et, c’est évident, elles auraient bien du mal à se laisser pousser le bouc. C’est le cas également d’un bonne soixantaine de vignerons, à la peau lisse de bébé. De l’autre côté, un peu plus de 30 vignerons au poil viril, plus ou moins abondant.
Un quart donc de barbus, seulement… Le verdict est sans appel : le secret du vin authentique ne proviendrait donc pas de l’énergie cosmique captée par les faciales phanères des vignerons.
Une question reste toutefois en suspend : faut-il, aujourd’hui, porter des lunettes à écailles, des chemises à carreaux et des bonnets de laine pour apprécier les vins naturels ? La réponse, peut-être, dans un futur Tronches de buveurs ?
Mais revenons donc à nos vestes en peau de mouton. Ce deuxième opus permet de répondre, au travers de courts et digestes portraits de vignerons, à la question que tout buveur se pose : mais qui se cache donc derrière ce vin ? Car en effet, une fois la bouteille débouchonnée, qu’importent les notes ou les étoiles des multiples guides des vins, la question que l’on se pose, l’histoire que l’on aime à raconter, c’est, in fine, celle de la passion qui anime les hommes et les femmes qui font le vin.
Tronches de vin, c’est donc un bouquin sur des vignerons qui font du vin avec « la gueule et le goût du coin de terre et de l’année qui l’ont vu naître ». Un choix éclectique, personnel, volontairement limité, sans notes, sans critiques savantes, sans médailles ni podium. Un livre que l’on garde à côté de son tire-bouchon, pour le feuilleter au rythme des bouteilles que l’on débouche. Un simple prétexte pour partager un bout de chemin avec des artisans vignerons ; l’essentiel, finalement, quand on aime le vin.
Tronches de vin 2, le guide des vins qui ont de la gueule, une invitation à partir à la rencontre de 120 vignerons des deux sexes, de 12 pays différents, et les 250 cavistes chez qui trouver leurs bouteilles, le tout en 271 pages publiées aux éditions de l’Epure.