Faire soi-même son Beaujolais nouveau… sans raisin
C’est aujourd’hui le troisième jeudi du mois de l’année, on va donc pouvoir se la coller au Néo Beaujolais, la meilleure excuse pour ne pas aller bosser un vendredi, depuis 1951. Tout a été dit sur ce vin (mais oui, c’en est), alors que rajouter ?
Et bien la recette pour le fabriquer soi-même à la maison pardi ! Et sans raisin ! Garanti jamais testé…
Prenez d’abord une bouteille de bon vin. Buvez-là, si possible avec des amis, puis nettoyez le flacon vide.
Ensuite, pour faire un bon Beaujolais, il faut d’abord de l’eau, pure et fraîche, minérale issue des volcans du massif central (pour l’effet terroir). Y ajouter 13 % par volume d’alcool pur (éthanol), que l’on peut trouver en pharmacie (mais il est souvent un peu amer), l’on ne saurait donc que fortement conseiller de l’alcool de fruits du supermarché (qui titre à 40°, donc faites une règle de trois pour la dose à ajouter)… Mélangez le tout en ajoutant du glycérol (5 mL environ, l’équivalent d’une cuillère à café), que vous pouvez trouver en pharmacie également.
A ce mélange hydroalcoolique enrichi en minéraux ajoutez de l’acide organique. Prenez-le tartrique (le saviez-vous ? l’acide tartrique est très peu présent dans la nature, à part dans le raisin, d’où son nom germanique Weinsaure, et l’on ne saurait contredire un chimiste Allemand…). Ajoutez en 5 grammes par litre pour faire bonne mesure, goûtez, et corrigez si le mélange manque de tonus.
Une pincée de polyphénols pour la couleur
Pour la couleur, rien de tel que des anthocyanes alimentaires, le E163 conviendra parfaitement. Une pincée devrait suffire pour un litre (un Beaujo doit être légèrement coloré). Il faudrait également ajouter des catéchines, pour apporter un peu de structure tannique (poudre decola de compléments alimentaires par exemple)… Mais comme le Beaujolais nouveau est plutôt goulayant, évitez d’avoir la main lourde.
Agitez le tout, réservez une nuit au froid pour vérifier la stabilité du mélange, dont la texture gustative devrait approcher celle de la boisson tant désirée.
Et les arômes, on les ajoute comment dans le Beaujolais ?
Reste la phase la plus épineuse, celle de l’obtention de cet adorable petit goût de banane/bonbon anglais/kiwi. Bien évidemment, dans le Beaujolpif, c’est 71B qui s’y colle, une petite levure spécialement sélectionnée en labo pour produire l’acétate d’isoamyle, un ester aromatique. Mais vous n’en avez certainement pas sous la main.
Que cela ne tienne, on peut aussi le fabriquer chez soi, avec un petit peu de matériel de chimie (demandez à votre neveux de les piquer dans son labo de travaux pratiques au collège) et quelques ingrédients…
Il vous faudra de l’alcool isoamylique (vous trouvez ça sur le Net), un peu d’acide acétique (du vinaigre blanc), de l’acide paratoluène sulfonique (c’est mieux que l’acide sulfurique, mais ça revient au même pour l’expérience) un peu de solution concentrée de chlorure de sodium (du sel dans de l’eau) et du bicarbonate de soude. Ensuite, vous prenez un tutoriel de chimie sur le Net et vous suivez la recette sans vous brûler et en n’oubliant pas de porter des gants et des lunettes de protection. Ne buvez surtout pas les acides purs !
Si vous avez suivi scrupuleusement la recette, vous devriez obtenir l’arôme Beaujolais nouveau que vous additionnerez à votre mélange précédemment obtenu et réservé au frais… Agitez à nouveau, versez dans la bouteille de vin bue la veille.
Fabriquez ensuite une étiquette amusante et créative en gribouillant avec des feutres colorés (si vous avez bu les acides, c’est plus facile) et :
« VOILAAA ! BEAUJOLAIS NESPUCCINOOO ! »
Pour ne rien gâcher, il est entièrement Bio, parce que sans aucune matière naturelle ayant pu être en contact avec des pesticides.
De bons Beaujolais Nouveaux
Que les 2.500 vignerons du Beaujolais, pour beaucoup talentueux, me pardonnent cet article irrévérencieux. Cette année, pour ma part, je dégusterai un joli Beaujolais nouveau non filtré de chez Dupont, et si j’en trouve, du Lapierre ou du Foillard, élaborés avec de beaux raisins de Gamay, comme il se doit. Joyeux Beaujolais nouveau !
[Edit 17/02/2017]
Crédit photo : la jeune femme illustrant l’article est mademoiselle Beaujolais 2016 (aka Maëva Durand) dont j’emprunte la photo au Blog suivant , photo de Dominik Fusina