Choisir un vin au restaurant : la méthode Assimil pour épater les collègues
Depuis le début de la semaine, les hostilités ont commencé : chacun d’entre-vous entame le marathon des repas de bureau pour fêter la fin d’année. Et qui dit repas corporate, dit restaurant.
C’est l’occasion pour vous de marquer des points auprès du boss, ou, si vous avez la chance d’être le maître à bord, d’asseoir votre image de leader éclairé à la main sûr et au regard clair.
Ce moyen passe par la commande du vin qui sera servi aux convives. Le choix du vin au restaurant, la lecture de la carte des vins, véritable gageure pour qui ne possède pas un Master of Wine est souvent abandonné à la plus forte gueule de la tablée (donc le chef bien souvent, si vous suivez). C’est pourtant une belle occasion de montrer votre talent et votre maîtrise de l’Art de vivre à la Fraooonçaise.
Plutôt que vous perdre dans la carte des vins, bien souvent rédigée avec les pieds, allez-y franchement, prenez votre courage à deux mains et adressez-vous directement au serveur/sommelier/patron… Bon si vous n’êtes pas le chef, il faut avoir préparé le terrain dans l’année, et s’assurer qu’il respecte votre connaissance de l’univers de Bacchus, sinon, il sera difficile de lui damer le pion.
Entrons dans le coeur du sujet : ne parlez surtout pas Appellations, Bio, cépages, sulfites ou terroir marneux à Amphibolites… personne n’y comprend rien et vous passeriez pour un pédant. L’idéal est plutôt de poser des questions sur le goût des vins, en ayant l’air de faire attention aux préférences des autres convive.
Si l’assemblée possède une dominante de jeune consommateurs non connaisseurs, demandez au sommelier : « Nous aimerions boire un vin fleuri, aromatique et tendre, mais sec« . Il vous proposera alors un blanc d’Alsace de Pinot gris, ou un joli Rolle de Provence. Version rouge, vous demandez alors, « qu’auriez-vous de gourmand, avec de la rondeur et du fruit ? » Et là Paf ! vous partez sur un joli Grenache ou Merlot du Sud de la France, mâtiné de Syrah… Dans les deux cas, vins faciles et parfumés, qui devraient passer sans problème et plaire à tout le monde…
Si la tablée est plus âgée, ou plus connaisseuse (ce n’est pas souvent le cas, mais que voulez-vous, les anciens doivent encore conserver leur pré-carré), optez pour les valeurs sûres. Pour les blancs en entrée demandez : « Vous auriez un blanc nerveux et délicat ?« , et là Riesling, Chablis, beau Sancerre vous serons proposés, vous choisissez au pif si vous avez toute latitude, ou vérifiez délicatement auprès du chef (qui doit contrôler la carte des prix) jusqu’où vous avez le droit d’aller.
Pour les vins rouges, si les convives néobobo frugaux dominent, partez sur une demande du type « Nous souhaiterions un vin élégant, aux tanins fins« , si ce sont au contraire de bons vivants capables d’avaler des kilogrammes de barbaque, partez sur « Qu’auriez vous de tannique et opulent à nous proposer ? ». Parmi les propositions, même méthode, le doigt mouillé, en posant une ou deux questions qui passent partout du style « il n’est pas trop jeune au moins ?« .
Ensuite, rituel classique, vous goûtez, si vous avez un doute sur la qualité, vous faites goûter le chef (si vous êtes le chef tant pis pour vous, il faut assumer un peu !). Normalement le vin devrait être correct, si le restaurateur a fait son boulot, sinon, vous aurez fait montre de votre brillante connaissance et pourrez critiquer ostensiblement la médiocrité des conseils, puisqu’au final, ce sera la faute de restaurateur… Vous pourrez même ajouter, si vraiment le vin était quelconque, « Avec les marges qu’ils font… vous vous rendez compte… ils pourraient faire un effort… c’est pas la crise pour tout le monde. »
Notez cependant qu’en posant les questions, et en optant pour un angle goût du vin, vous avez de forte chances de vous attirer la sympathie du patron (du resto), qui devrait donc vous aiguiller vers les bonnes bouteilles, car vous mettez en valeur ses qualités de sélectionneur et découvreurs de bons vins.
Si vous n’avez pas une prime de Noël après ça…
Au fait, l’image est une photo d’un hommage au film « La Grande abbuffata », de Ferreti, avec Andréa Ferréol et ses amis du show biz, trouvé sur le site du magazine Grand Seigneur.