Le Cabernet Gernischt, le cépage star des vins chinois ?
Vinexpo, l’incontournable grande messe des professionnels du vin, se tient actuellement à Bordeaux. Si le thème officiel du salon est cette année « donnez de l’énergie à vos marchés« , le thème officieux pourrait-être « le marché chinois vous donne de l’énergie »… En effet, la Chine est actuellement le nouvel Eldorado pour la filière, avec, à la clé, comme dans toute fièvre de l’Or, ses futurs succès mais aussi ses grandes désillusions pour ceux qui n’auront pas su ou pu égaler les pionniers comme le groupe Castel par exemple. Pour le moment, la fièvre acheteuse des Chinois aisés soutient à la hausse la cote des grands crus de Bordeaux, et les rachats des propriétés bordelaises aux noms évocateurs (Château Chenu Lafitte par exemple…)…
Mais les liens qui unissent actuellement les Chinois et le vin ne sont pas à sens unique. En effet, la Chine fait partie des nouveaux pays producteurs de vins, avec pour le moment une destination presque exclusivement nationale, mais il ne serait pas étonnant que vous goûtiez prochainement des vins de Chine, en France, tout à fait correct. A ce titre, un cépage particulier semble progressivement devenir l’emblème de ce que pourrait-être la « typicité » des vins de Chine, comme le Carménère pour le Chili, le Torrontès pour l’Argentine, ou le Zinfandel pour la Californie… Ce cépage serait le Cabernet Gernischt, que l’on trouve cultivé dans le pays depuis au moins un siècle. Les études ampélographiques (science des cépages) et génétiques sembleraient le rapprocher du Cabernet Franc, que l’on trouve majoritairement dans le Bordelais et dans la Loire (Anjou et Touraine) dans notre beau pays.
J’ai profité du salon pour déguster, par curiosité, les vins de Château Hansen, un domaine Chinois situé en Mongolie intérieure, présent à Vinexpo avec la volonté d’écouler une partie de sa production sur les marchés internationaux… Sur la gamme des vins du domaine, qui à vrai dire n’est pas inoubliable (les vins manquent de corps, de personnalité, sans être pour autant désagréables), un seul sortait du lot selon moi. C’était le vin le plus simple de la gamme, un Cabernet Gernischt 2010 justement, léger, avec beaucoup d’odeurs de fruits rehaussés par des notes poivrées très facile à percevoir. Un peu comme une Syrah du Rhône, mais en plus léger, ou un Trousseau du Jura en un peu plus corsé. Bref, un vin avec une certaine personnalité, n’ayant rien à voir, dans les arômes comme dans la structure en bouche, avec les cabernets, pourtant de la même famille… A tester sur d’autres cuvées, d’autres domaines et plusieurs années pour se faire une idée, mais la nature originale de ce cépage qui n’est plus cultivée qu’en Chine en fait un concurrent de taille pour devenir l’emblème de l’essor de vins chinois de qualité.